Ma mère m’a sorti ça lors d’un karaoké. J’avais 20 ans et c’était la première fois qu’elle m’entendait chanter. J’étais flattée, mais j’ai ri. Si je l’ai rêvé à une époque de ma vie d’enfant, j’avais ni la carrure ni le talent pour être chanteuse. J’aimais ça, ça s’arrêterait là. Mais j’ai pris le compliment et le regard qui allait avec. La fierté dans le regard d’une mère, ça a le don de réchauffer, même après plusieurs années.
J’ai toujours chanté. C’est juste qu’elle ne m’entendait pas. J’osais pas, j’étais une gamine un peu timide. Les années m’ont soignée. Désormais je n’ai plus peur de faire entendre ma voix.
En soirée, je suis cette copine qui crie plus qu’elle ne chante. A la maison, c’est différent, je chante vraiment. Bien plus depuis que j’ai des enfants. Bébés, ma voix apaisaient leurs pleurs. Aujourd’hui, ils sont mon meilleur public.
J’ai pris l’habitude de leur chanter une chanson, entre l’histoire et le dodo. C’est pas systématique. On n’a pas toujours le temps et je n’ai pas toujours l’envie. Quand ils réclament, je leur dis souvent « demain ». J’oublie parfois le plaisir que l’on prend tous les trois.
Les soirs où les planètes sont alignées, je me poste dans le couloir entre leurs deux chambres et je me lance en fermant les yeux. Il faut bien ça pour se concentrer à garder le rythme et à ne pas rire. Ils sont impatients, ils chantent les paroles toujours trop vite.
Zazie, Francis Cabrel, Renan Luce, Barbara Pravi… je les ai toutes adaptées pour qu’elles durent moins de 2 minutes. Mais malgré ça, ils en redemandent à chaque fois. Je leur offre parfois un petit rappel et j’ai le droit à des acclamations. C’est assez étonnant ce qu’un enfant peut produire comme émotions chez un parent.
Je repense souvent à la réflexion de ma mère. T’aurais dû être chanteuse. J’en conclue que l’on peut être ce qu’on veut et qu’on peut l’être n’importe quand. La preuve, je suis chanteuse. Je le suis pour eux.
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