Je n’aime pas les trajets en voiture. J’ai l’impression de perdre mon temps.
Quand je suis passagère, je dors, je lis, j’écris, je traîne sur Instagram, je prends des nouvelles par sms. Mais bien souvent, je m’ennuie. Et bien souvent, je perds patience, je bouge dans tous les sens, je souffle et je re-souffle de m’entendre souffler. Alors parfois, il me dit « raconte moi quelque chose que je ne sais pas » et je souris à l’idée qu’il veuille essayer de faire passer mon ennui.
Parfois on ne trouve rien à se raconter, parfois on aimerait ne jamais arriver à destination tant la conversation est intéressante. Parfois, on parle de tout et de rien, parfois on prend de grandes décisions comme le jour où on a décidé de changer de vie. Parfois on parle du passé, du présent et de ce qui nous attriste, parfois on s’amuse à rêver notre avenir. On a beau se parler tous les jours et se connaître depuis des années, on en apprend beaucoup sur l’autre quand on se donne le temps de parler et de s’écouter. Et finalement, quoi de mieux que ces moments où l’on est enfermés ensemble pour le faire.
Je n’aime pas les trajets en voiture. Mais j’aime les passer avec lui.
Voilà. J’ai terminé le premier jet de mon deuxième roman.
Hier, j’ai passé ma journée à le relire d’une traite. J’ai globalement aimé ce que j’ai lu, mais j’ai aussi pris conscience de la masse de travail encore à abattre. La dernière scène est une succession de mots sans âme, il y a encore une montagne de passages à corriger, de scènes à ajouter, de détails à revoir. Contrairement à Reprendre son souffle, il me faudra surement 3 ou 4 versions avant de pouvoir le faire lire à ma première beta-lectrice. Pourquoi ? Parce que le sujet que j’ai choisi de traiter est bien plus complexe… mais j’aurai l’occasion d’en reparler. Loin d’être découragée, je suis impatiente d’en découdre. Mais il faut aussi que je m’accorde une pause. Que je digère ce texte, pour mieux le retravailler ensuite. Et que j’écoute mon corps, qui me signale à grand renfort d’alertes, que j’aille dormir un peu.
Au delà d’une simple distraction, un livre a ce pouvoir de bousculer, d’amener à la réflexion et de bouleverser.
Quand on écrit, quand on publie un texte, une nouvelle, un roman, on n’est pas préparé aux émotions des autres. On espère bien-sûr, on croise les doigts même, pour que les autres aiment, ou au moins apprécient, en se disant que ce serait déjà ça. Mais on n’est pas préparé à ce que ça aille au delà. A ce que nos écrits touchent, bouleversent, résonnent dans le coeur des autres. En tout cas, moi, je n’étais pas préparée. Je n’étais pas préparée aux messages privés qui me font part des larmes, des remises en question. Je n’étais pas préparée à entendre des histoires, des vraies, qui font écho à celle que j’ai imaginée. Je n’étais pas préparée à être bouleversée au point d’en rester sans voix et sans mots. J’ai publié ce livre en espérant toucher un certain nombre de lecteurs. Un au minimum. C’est ce que j’avais d’ailleurs écrit avant le lancement : « si je touche ne serait-ce qu’une seule personne, alors j’aurais tout gagné ». Aujourd’hui, peut-être parce que je n’étais pas préparée, je suis bouleversée que ça puisse être le cas.
Alors, à tous ceux qui ont lu Reprendre son souffle et qui m’ont écrit après (ou qui l’ont fait en déposant un commentaire public), sachez que ce que je vis de plus beau aujourd’hui, c’est grâce à vous. Qu’au delà du plaisir d’écrire, je savoure le plaisir d’être lue. Et que ma plus belle récompense est de savoir que ce que j’ai écrit et qui m’a bouleversé, a pu bouleverser certains d’entre vous.
Il y a 4 ans jour pour jour, débarquait un petit être dans une joyeuse pagaille.
J’étais embêtée pour plusieurs raisons. La première, anecdotique, concernait la finale de Koh Lanta qui se déroulait le soir même et que j’espérais ne pas devoir regarder en Replay.
La deuxième, c’est que j’étais à l’hôpital depuis 3 jours pour des loupées. Contractions rapprochées en pleine nuit, je bipe le papa qui travaille à 200km de là, je fais venir la marraine du 1er pour le garder. Pour finalement être renvoyée chez nous au petit matin, le temps, je cite « de me détendre », et revenir le soir même. Je n’avais pas encore le droit aux sushis alors on est allés se détendre au McDo. On a organisé la garde du 1er et on a passé une 2e nuit à l’hôpital. Embêtée et crevée.
La troisième, c’est que nous n’étions toujours pas fixés sur le prénom. Parce que j’aime les surprises, on a gardé la surprise du sexe. Résultat, il fallait choisir 2 prénoms. Et on n’était toujours pas fixés quand j’ai commencé à pousser.
La quatrième, c’est que le papa était physiquement à mes côtés, mais toujours là où je l’avais contraint de partir pour me rejoindre. Un gros dossier. Si gros que son téléphone était vissé à son oreille. Si gros que je me revois encore, les jambes écartées, prête à pousser, et les yeux affolés de la sage femme qui me dit « ben il est où le papa ? ». Il était dans le couloir. Au téléphone. Bébé et moi on a dû sentir que c’était pas le moment de trainer, parce qu’en deux poussées, c’était terminé.
Et puis le temps s’est arrêté. La pagaille a disparu pour laisser place à l’émerveillement. Un petit être qui respire, qui tente d’ouvrir les yeux. Un petit être qu’on découvre, qu’on regarde sous toutes les coutures. Ah tiens, c’est une fille. Le prénom est prononcé dans un souffle. Il n’y avait plus de doute tout à coup.
Aujourd’hui, comme tous les ans, je me souviens de cette pagaille. Mais comme pour confirmer qu’après la tempête vient le calme, je me revois aussi ce soir là, dans ma chambre d’hôpital, des sushis sur mes genoux, ma fille à ma droite dormant paisiblement, le papa à ma gauche dormant lourdement, et face à moi, une télé allumée sur mon programme préféré.
Je reçois régulièrement des questions concernant mon processus d’écriture.
Où est-ce que je trouve l’histoire à raconter ? Comment je me prépare ? Est-ce que je fais un plan ? Est-ce que je me laisse guider par mes personnages ou est-ce que je suis méticuleusement mon plan ? Est-ce que j’ai une routine et est-ce que je me force à écrire tous les jours ? Est-ce que j’écris d’un trait le premier jet ou est-ce que je corrige au fur et à mesure ? À combien de personnes est-ce que je le fais lire ? En cours de route ou à la fin seulement ?
J’ai un temps pensé que je n’avais pas de méthode. Que j’avais écrit Reprendre son souffle en faisant n’importe quoi, n’importe comment. Force est de constater, alors que j’écris mon 2e roman, que j’applique exactement les mêmes procédés. Et que, sur moi, ça fonctionne assez pour que ce ne soit ni n’importe quoi, ni n’importe comment.
Pour Reprendre son souffle, l’histoire m’est venue d’un livre dont j’ai détesté la fin. J’ai commencé par réécrire cette fin, puis j’ai imaginé une autre histoire qui aurait pu arriver à l’héroïne pour qu’elle vive cette fin. Et j’en ai fait un roman à part entière.
Pour mon second roman, que je suis en train d’écrire en ce moment, l’histoire m’est venue d’une chanson. A partir des paroles, j’ai visualisé une fin de roman. Mais j’avais beau chercher, je ne savais pas comment la commencer. Et puis quelques semaines plus tard, les paroles d’une autre chanson m’aident à visualiser ce qui aurait pu arriver avant cette fin. J’ai l’histoire au global, il ne me reste qu’à écrire le scénario.
Je laisse alors à l’histoire le temps de se faire une place dans mon esprit, je me documente sur le sujet, sur les émotions (les forums sont d’ailleurs une mine d’or), je note dans un calepin chaque détail qui peut m’aider à constituer mes grandes lignes et j’attends. Cette phase dure longtemps. Et c’est important qu’elle dure. Car plus elle dure, plus il m’est facile d’écrire ensuite.
Une fois que je suis sûre de moi, j’attaque la colonne centrale de mon futur roman : le plan ! J’écris sur une page A4 les grandes étapes de mon histoire. Puis j’utilise chaque grande étape comme titre de chapitre (que je supprimerai par la suite). Et enfin, je développe en 8/10 lignes l’histoire que j’imagine pour chacun des chapitres. C’est quelque chose d’assez scolaire, j’en conviens. Mais personnellement, ça m’aide à garder en tête le scénario que j’ai imaginé au départ, à ne pas m’éparpiller, à gagner du temps et à conserver une cohérence globale. Attention : ça ne veut pas dire que je ne laisse pas libre court à mon imagination ou que je ne laisse pas les personnages prendre des décisions pour moi. Car il y a encore des milliers de mots, des dizaines de situations et des centaines d’émotions à trouver.
Vous voulez connaître ma méthode pour remplir ces blancs et aider mon imagination ? Lisez la suite !
Avoir les idées, puis savoir les orchestrer pour qu’elles aient du sens. Voilà toute la difficulté d’écrire un roman.
Me concernant, je distingue deux sortes d’inspiration :
La 1ere est celle qui me permet d’étayer mon histoire. Elle vient de vidéos, de clips, de films, de livres… Sans plagier (bien évidemment), j’y pioche des idées ou des contre-pieds. Elle vient aussi de mon environnement, de ma vie quotidienne, de mon histoire personnelle. Dans un post précédent, je vous ai parlé d’une vidéo de Félix Radu qui m’avait inspirée l’attitude de Vincent dans Reprendre son souffle. Un autre exemple : ma fille faisait de la balançoire, je la poussais gentiment par devant quand j’ai tenté de l’embrasser. J’ai dû m’y reprendre à trois fois pour atteindre sa joue, provoquant chez elle un fou rire incroyable. Cette tranche de vie, même si j’ai dû l’adapter à un homme et une femme, vous pourrez la retrouver dans Reprendre son souffle.
La 2e est celle qui me permet de me mettre dans de bonnes conditions et qui m’inspire pour écrire. C’est ce qui me permet de jouer au chef d’orchestre avec toutes mes idées. Sans grand suspense pour ceux qui me suivent depuis un moment ou qui ont lu mon premier roman, il s’agit pour moi de la musique. Dans mon histoire, la musique est aussi importante que les mots. Pour l’ambiance, le rythme, l’émotion, l’énergie, l’intensité. Sauf que la musique vous ne pouvez pas l’entendre quand vous lisez, alors je fais en sorte qu’elle se ressente, et c’est là tout l’intérêt pour moi de bien la choisir. Je me constitue une playlist spécifique au roman que j’écris, avec des sons qui m’inspirent l’ambiance et le rythme, et des chansons à texte qui m’inspirent pour les sujets que je traite dans mon roman. A noter que j’ai une chanson ou un thème pour chaque moment important de mon histoire.
Pour la suite, je vous propose de répondre à cette épineuse question : est-ce que je m’oblige à écrire tous les jours ?
J’y consacre beaucoup de temps, c’est indéniable. Mais je ne suis pas constante. Le début de Reprendre son souffle a été timide, j’ai commencé uniquement les après-midis pendant la sieste de mes enfants. Et puis j’ai fini par écrire à chaque moment de libre en dehors de mon job, réduisant mes nuits à peau de chagrin, y passant entre 8 et 12h par jour, 7j/7… Au début de mon deuxième roman : même scénario ! J’ai commencé doucement, même si j’avais du temps pour écrire. Et aujourd’hui, rien ou presque ne m’arrête (sauf cette page) tant l’envie est forte.
Le point commun entre ces deux situations, c’est la prise de l’histoire sur mon esprit. Comme lorsqu’on lit un livre et qu’on est impatient de lire la suite, il me faut un petit temps pour entrer dans mon histoire. Jusqu’au déclic qui m’amène à être impatiente d’en écrire la suite.
Mais même là, je ne suis pas constante. Il m’arrive de ne plus avoir envie. Et si je ne prends pas de plaisir, je sais par avance que je n’en tirerai rien de bon. C’est pour cette raison que je ne me force jamais à écrire, que je ne participe pas aux challenges, que je ne m’impose pas de session d’écriture tous les jours. Je ne m’impose qu’une seule chose : faire en sorte que ça reste agréable. Si ça ne l’est plus, c’est qu’il faut que je change quelque chose. Et voici les enseignements que j’ai tirés des moments désagréables : * En cas de passage difficile ou qui me bouleverse, j’avance par petits pas, ou je m’arrête pour travailler sur un passage agréable, histoire de contrebalancer. * Si je bloque sur un passage et que je suis saoulée de l’écrire, c’est qu’il faut que je l’abandonne et que je trouve une autre solution pour faire avancer mon histoire sans lui. * En cas de panne d’inspiration, je pars faire autre chose, et généralement, l’inspiration revient comme par magie. * En cas de fatigue, je ne me force pas à écrire sous prétexte qu’il y a un créneau pour, je vais dormir ou je me détends. En résumé, aucune pression, que du plaisir.
J’ai entendu et lu beaucoup de choses à propos du premier jet. Mais le conseil qui revient le plus souvent, c’est d’écrire et de ne pas y revenir tant qu’on n’a pas terminé le 1er jet. Personnellement, je ne fais pas du tout comme ça ! Quand je débute une session d’écriture, je relis toujours ce que j’ai écrit lors de la précédente session. Je corrige immédiatement ce qui me pose problème, je taille, j’ajoute et parfois même je supprime (un couper-coller ailleurs, au cas où). Puis j’écris la suite. Ensuite, je travaille toujours sur deux chapitres en même temps. Exemple : sur les chapitres 5 et 6, puis sur les chapitres 6 et 7, etc. Ça m’aide à garder une certaine cohérence dans le ton. Il m’arrive aussi très régulièrement de revenir sur un passage après avoir eu une idée. C’est ce que, personnellement, j’appelle la méthode du millefeuille. Tel un millefeuille (ou une peinture) mon roman est écrit par couches. La première couche, c’est celle qui vient grâce à mon plan. Celle que j’ai imaginée longtemps avant de poser les premiers mots. Les couches suivantes, je les ajoute en fonction d’un besoin recherché. Une passion pour mon personnage principal, des détails météos pour se repérer sur la période de l’année, des descriptions plus détaillées pour s’imaginer les lieux, etc. Et c’est ainsi que je rajoute une couche sur l’ensemble du roman, puis une autre, et encore une autre, à la fin ou en cours de route. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait hier soir en ajoutant un chapitre en plein milieu de mon 2e roman… Vous l’aurez compris, je ne m’empêche rien, quitte à ce que ça ait l’air désorganisé. En partant de ce constat, inutile de vous dire que je ne fais pas de fiches personnages ????
Une fois que j’ai l’impression d’avoir posé le mot FIN, là j’estime que mon premier jet est terminé. Et je m’autorise à le relire entièrement.
Que se passe-t-il après ? Lisez la suite !
Je ne parle pas de ce que j’écris et je ne fais rien lire tant que je n’ai pas terminé de l’écrire entièrement. Quand je juge que le 1er jet est terminé, je le mets de côté quelques jours histoire de l’oublier. Puis je me mets dans les conditions d’un lecteur : je le lis sur une tablette plutôt que sur mon ordinateur et je me refuse de faire la moindre correction en cours de lecture. J’ai mon calepin à côté de moi, et au fur et à mesure, je note les fautes d’orthographe, les répétitions, les oublis de ponctuations, les incohérences, les manquements, les paragraphes qui demandent d’être retravaillés. Quand j’ai terminé, je corrige et réécris tout ce qui a besoin de l’être. Je le relis une 2e fois. Et ensuite seulement, je l’envoie à quelqu’un.
Sans certitude d’adopter la même stratégie pour mon 2e roman, je vais vous dire ce que j’ai fait pour le 1er (Reprendre son souffle) : Je l’ai envoyé à une amie qui lit beaucoup et que je sais avoir un style proche du mien. Pas de grosse prise de risque, c’était surtout pour me rassurer : bien ou pas bien ? Elle m’a rassurée à mi-lecture (ouf !), m’a re-rassurée à la fin de sa lecture (re-ouf !), et je lui ai posé des questions très précises, comme « ce passage t’a-t-il émue ? » ou « est-ce que cette réaction te semble cohérente ? ». Puis je suis repartie sur une 2e phase d’écriture. J’avais mis 2 mois à écrire le 1er jet. La 2e phase d’écriture m’a pris presque 2 mois de plus. Une fois terminé, je l’ai envoyé à une autre amie, très critique. Quand elle aussi m’a fait un retour positif (re-re-ouf !), je l’ai fait lire à mon mec (il n’attendait que ça !) J’ai travaillé sur des petites corrections après leurs retours puis j’ai décidé de ne plus y toucher. Sans cette décision, je serais probablement encore en train de le modifier. Or pour moi un livre, c’est comme un tableau : il faut savoir s’arrêter au risque de tout gâcher.
Voilà, vous connaissez désormais mon processus d’écriture. Quel est le vôtre ? Voyez-vous des points communs ?
Il y a deux team dans la vie. La team des lèves tôt et la team des lèves tard.
Ce n’est pas un sujet qui porte à débat, c’est juste un fait, une question d’habitude ou de métabolisme. Il se trouve que je suis de la 2e team. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours eu du mal à me lever le matin et des difficultés à aller me coucher le soir. Un plaisir à vivre la nuit plutôt que le jour.
Sauf que la vie étant ce qu’elle est, on ne suit pas toujours ses envies ni son métabolisme, alors depuis toujours je me fais violence pour me lever le matin. Pour l’école, le lycée, la fac, les stages, le boulot, le bébé qui pleure, le petit déjeuner des enfants. Ça a toujours été une telle violence que ça m’a souvent rendu malade. Les levers aux aurores pour se rendre à Disneyland Paris, c’était un haut le cœur assuré.
Et puis, il y a quelques mois, confinement. Une autre façon de vivre s’organise. On prend le temps de se reposer, de lire, de s’occuper. Et j’apprécie les levers tardifs répétés. Je les apprécie tellement que j’y prends goût. Je commence le télétravail à 10h au lieu de 9h, je me couche après minuit sans pointe au coeur.
Et puis je me mets à écrire Reprendre son souffle. Je commence doucement en écrivant juste les après-midi, pendant la sieste de mes enfants. J’y prends goût, et je me rends compte que le soir j’écris mieux, plus vite. J’ai parfois du mal à aller me coucher, faisant quelques nuits blanches, frôlant régulièrement les 4h du matin. Et même si le matin il faut toujours se lever, pour le télétravail et pour l’école à la maison, je vis l’aventure intensément.
Les jours passent, les semaines aussi. Je suis heureuse mais épuisée. Je ne m’écoute pas, jusqu’à ce que mon corps me lâche. Un soir, je suis prise d’une fièvre et d’un mal de tête violents. Alors, avec mon mari, on commence à s’organiser différemment. Je travaille en décalé la journée, j’écris le soir et je ne me lève plus le matin. Il gère les enfants jusqu’à les emmener à l’école, je me lève à 8h30, très rarement avant. Ce qui a commencé comme du temporaire devient un état de fait. C’est à ça que ressemble ma vie désormais.
C’est une chance, évidemment. Une chance inouïe d’avoir un si bel alignement des planètes : un boulot qui me permet d’adapter mes horaires, un mari qui comprend ma passion pour avoir vécu la sienne intensément pendant nos premières années de vie commune, des enfants qui ne me font pas payer les absences du matin. C’est une chance inouïe de suivre ses envies, son métabolisme.
Je peux dire aujourd’hui, parce que l’écriture est entrée dans ma vie, que je vis ma meilleure vie. Cette vie que j’avais souhaitée, sans pouvoir l’imaginer. Cette vie où les réveils ne sont plus une torture. Cette vie où je peux être pleinement de la team lève tard et en profiter.